vendredi 21 novembre 2014

La précarité




Le 17 octobre 2014, j'ai participé en compagnie de mon frère handicapé à une réunion ACO de 20h30 à 22h15 sur le thème "les personnes, les travailleurs en situation de précarité, de fragilité sont au coeur du projet missionnaire de l'ACO." qui a été le thème de la Rencontre Nationale d'Angers et à partir duquel ils ont travaillé divers objectifs.

La réunion de ce 17 octobre avait pour but de réfléchir à la manière de s'emparer de ces objectifs pour les mettre en oeuvre sur le terrain par les différentes équipes réparties en secteur.
Invités par une de nos connaissances, nous nous y sommes rendus car je connais pleinement cette situation et condition. Je n'ai pas cherché à parler de ma situation propre, mais à partager ma vision et ressenti de la précarité sous tous ses aspects et non d'un point de vue travail uniquement, car la précarité est multiforme et multi facette; et ainsi apporter un éclairage sur comment travailler avec intelligence, bon sens et pragmatisme pour lutter contre la précarité en sortant des sentiers conventionnels et quelque peu poussiéreux, par la nécessité de recentrer la personne au coeur de son histoire et de son environnement pour bien comprendre et éviter les écueils des a priori et préjugés.

Voici donc ci après ma contribution à cette réunion et les échanges qui ont conduit à l'élaboration d'objectifs à mettre en oeuvre pour lutter contre la précarité.

Pour commencer, je vais d'abord définir le terme précarité (sources : Wikipédia).


Précarité : forte incertitude de conserver ou récupérer une situation acceptable dans un avenir proche. Absence d'une ou plusieurs des sécurités permettant aux personnes et aux familles d'assurer leurs responsabilités élémentaires et de jouir de leurs droits fondamentaux.
L'insécurité qui en résulte peut être plus ou moins étendues et avoir des conséquences plus ou moins graves et définitives. Elle conduit le plus souvent à la grande pauvreté quand elle affecte plusieurs domaines de l'existence, qu'elle tend à se prolonger dans le temps et devient persistante, qu'elle compromet gravement les chances de reconquérir ses droits et de se réassurer ses responsabilités par soi-même dans un avenir prévisible.


Les différentes précarité :


Travail (chômage), social (isolement, marginalisation, exclusion), familiale (divorce, perte d'un proche), affectif (absence d'affection, de don et réception) conditions de vie (logement insalubre, inadapté) et conditions d'êtres (handicap, sexe, race, culturel, cultuel).

Et toute chose qui crée un déséquilibre dans la vie d'une personne.


Les effets de la précarité :


- dégradation des conditions de travail(difficultés à être en force pour défendre ses droits).

- difficulté à développer une vie sociale.

- révolte contre l'organisation sociale (opposition au système).

- dégradation de la santé physique et/ou psychique.

- absence d'intérêt et défiance envers les médias de masse.

- absence d'estime de soi.

- sentiment de dévalorisation de soi.

- manque d'autonomie dans son travail (et autre domaine).

- sentiment de ne pas utiliser toutes ses compétences.

- sentiment de ne pas recevoir toute l'estime que l'on peut mériter.


 Voici maintenant les objectifs de l'ACO :


- Rôle éducatif de l'ACO.

- Être aux portes des réalités et rendre visible.

- Dialoguer.

- Inviter.

- Mettre en oeuvre et révéler la dignité humaine de toute personne.

- Trouver et rechercher du sens.

- Permettre de s'inscrire dans une histoire.


Au travers de ces éléments, il a été demandé de se mettre en équipe pour réfléchir à ce qui paraissait prioritaire et pour définir les objectifs et moyens à mettre en œuvre. En relation avec une des équipes, j'ai élaboré et partagé la synthèse suivante en me servant des éléments et objectifs de l'ACO, de la définition et de mon propre parcours personnel et d'autres personnes.

A mon humble avis, pour lutter contre la précarité c'est d'abord d'en prendre conscience, cela peut sembler idiot, toutefois l'expérience m'a démontré que ce n'est pas aussi évident et vrai que cela puisse paraître. En prendre conscience pour connaître et apprendre de la et des précarités.
Ensuite c'est la rendre visible sans stigmatiser et montrer du doigt, mais bien au contraire la révéler pour mieux la combattre et permettre aux personnes de ne pas avoir honte de leurs précarités et d'oser en parler pour pouvoir s'en sortir, car ces personnes ne sont généralement pas totalement responsables de leurs situations qui ne sont que trop souvent la succession de contingences humaines et matérielles indépendamment de leur volonté.
Pour la rendre visible, il faut aller à la rencontre des personnes en situation de précarité qui souvent se cachent et n'osent parler de ce qui peut faire honte, peur et susciter du rejet, bref rajouter de la précarité à la précarité.
Leur ouvrir un portail d'écoute active et attentive en ne négligeant aucun aspect de la précarité et de ses diversités. Leur permettant dans un premier temps de pouvoir s'exprimer, témoigner, afin de soulager ce trop plein de soucis qui parasitent leurs esprits et donc leurs pensées au point de se sentir submergées, dépassées et de ne pas ou plus savoir prendre les bonnes décisions. Et dans un deuxième temps, de leur faire prendre conscience qu'il existe des solutions à tout problème, même si pour certain il faudra du temps et bien sur des moyens financiers (pour cet aspect, je rajouterai la nécessité de développer un réseau de solidarité en complément des instances publiques, associations, etc., qui, par l'aide de chacune et chacun, permettrait de sortir une personne de la précarité à très court terme par le don de choses que nous possédons tous en surnombre parfois, et dont nous nous servons pas ou plus ou dont nous voulons nous débarrasser. Par ce réseau, une personne en situation de précarité pourrait retrouver un minimum d'équilibre par l'accès aux choses essentielles à son quotidien, en attendant que temporairement et financièrement sa situation s'améliore. Car la vie suit son cours et continue et on ne peut échapper à ses contingences humaines et matérielles qui sont une des bases de nos vies humaines. C'est par exemple donner du mobilier simple et fonctionnel, des vêtements, etc. pour une qualité de confort de vie quand la personne précaire n'en a peu ou prou, et que l'argent faisant défaut, elle ne peut pas en (r)acheter).
Ainsi, on s'inscrit dans la dynamique de recentrer la personne au coeur du processus et de sa propre histoire où la précarité finira par s'effacer, à défaut de disparaitre complément, au profit de la mise en oeuvre et en exergue de la dignité humaine dans toute sa plénitude qu'elle que soit la situation et/ou la condition des personnes.

Pour résumer, la priorité est d'avoir pour objectif une présence active sur le terrain auprès des personnes en situation de précarité. Aller à leur rencontre et être à l' écoute de ces personnes et de leurs diverses problématiques ou précarités (travail, social, affectif, conditions de vie et d'être), en les inscrivant dans une histoire pour une compréhension sans préjugés, ni aprioris et en recentrant ces personnes au coeur du processus.
Pour cela, il faut se donner comme moyen un véritable travail de terrain qui reposera sur :

- Prise de contact (rencontre et invitation).

- Synthèse des diverses précarités au travers des témoignages.

- Recherche de sens et de solutions.

- Accompagnement et suivi.

Pour finalement, mettre en oeuvre et révéler la dignité humaine de ces personnes dans toute sa dynamique.


Écrit les 17 octobre et 21 novembre 2014 et posté le 21 novembre 2014.


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