mercredi 8 juillet 2015

De l'espoir et de l'espérance



L'espoir est le fait d'espérer, d'attendre quelque chose avec confiance.

L'espérance est le sentiment qui fait entrevoir comme probable la réalisation de ce que l'on désire.


Tout commence par une conversation lors d'une collation de départ d'une personne en fin de journée sous un soleil éclatant et un ciel radieux. Comme à mon habitude, je scrute l'environnement et les personnes qui le composent, à la recherche de visages connus pour entamer une conversation; lorsque soudain une personne (qui est un homme) s'approche de moi, me salue et m'interpelle suite à mon intervention lors d'une réunion-débat sur le dérèglement climatique (voir mon article sur le sujet). Au cours de celle-ci, j'ai donné mon avis d'une manière réfléchie et pragmatique avec une pointe de réalité sceptique quant à la résorption d'un tel phénomène dans les conditions actuelles, à la vue de la complexité du problème, qui dure depuis plus de 265 ans (début de la révolution industrielle), et devra impliquer un changement radical des modes de production, de consommation et de vie en général, sans oublier une connaissance et un savoir parfait de ce phénomène dans sa diverse complexité, en ne négligeant pas ce que nous ignorons et ne maitrisons pas encore. Ce qui ne veut pas dire pour autant de ne pas entreprendre quelque chose, car cela serait pire que de ne rien faire. Mon intervention a suscité des réactions d'étonnement et de surprise, car trop pessimiste et n'incluant pas la notion d'espoir et d'espérance.

Cette personne me rappelle donc cette intervention en soulignant mon côté exalté et d'envolée lyrique au point d'en être arrivé à 25000 pieds ; me demandant de redescendre sur terre avec pour nécessité de s'engager comme gage d'un geste plus juste et réaliste, tout en ne manquant pas de me rappeler la notion et l'esprit d'espoir et surtout d'espérance en dépit de l'ampleur du phénomène ! Puis, elle m'a quitté en levant son verre de champagne tout en disant : « Santé », sur un ton joyeux, à la limite ironique. Tournant le dos donc, elle s'en alla rejoindre d'autres personnes, heureuse comme un pape, ne me laissant même pas le temps de lui répondre et dont voici en substance ce que je m'apprêtais à lui dire : « Que buvez-vous en ce moment et dans quoi ? » elle m'aurait alors certainement répondu : « du Champagne dans un verre ! » J'aurais ajouté « Imaginez maintenant la chaîne de production du champagne et du verre à grande échelle jusqu'à sa consommation, en passant par la commercialisation et dites vous que ce long processus à ce stade génère de la pollution, des gaz à effet de serre et est donc responsable du dérèglement climatique. » Alors, j'aurais continué en disant : « Seriez vous prêt, à votre petit niveau, à abandonnez vos habitudes et satisfactions de consommation, et pensez-vous qu'à un plus grand niveau d'individus, cela se ferait ? » La réponse, que je n'ai pas de cette personne, à mon avis serait « non » en grande partie, car peu de personnes souhaiteraient le faire et l'envisager en se privant d'un mode de vie essentiellement basé sur le plaisir et la satisfaction, d'autant que de nos jours, les temps sont difficiles et la moindre occasion est bonne pour sortir de cette ordinaire alimentaire et de crise.

Depuis la nuit des temps, l'homme s'inscrit dans le plaisir et la satisfaction dès que l'occasion se présente, surtout depuis qu'il a su maîtriser son environnement et améliorer ses conditions de vie pour sortir de sa condition animale, instinctive et de survie. Il a su organiser sa situation en la partageant entre la famille, le travail et les loisirs. L'Homme est un hédoniste, et lorsque sa condition le permet, il ne s'en prive pas (même sans une bonne situation), en vivant des plaisirs jusqu'à l'addiction. Que ce phénomène soit individuel ou collectif.
Rare sont les personnes qui réussissent à vivre de l'essentiel sans se laisser absorber par le superficiel, l'inutile, le consommable plaisant et agréable sans véritable but, ni objectif, si ce n'est que de remplir du vide par le vide, sans trop bien comprendre les raisons de ces actes répétitifs et mécaniques. N'oublions pas que la nature a horreur du vide. L’espace, l'univers, par exemple, sont pleins en dépit des apparences et de cette illusion de vide. Aussi, l'Homme, élément de cet ensemble, n’échappe pas à sa condition d'être qui a horreur du vide, au point de toujours remplir son temps à faire quelque chose, même les plus inutiles et peu constructives.
Nous sommes vivant, en devenir et en mouvement permanent, comme chaque chose dans l'infiniment petit et l'infiniment grand.Seulement, L'Homme a le libre arbitre et le choix en matière et manière de combler le vide et remplir son temps, même dans l'inaction. Et pour cela, il s'est créé une multitude de choses assez récurrentes et qui tournent essentiellement autour de la consommation pour sa satisfaction, et son plaisir. Alors, certes il faut bien consommer pour subvenir à ses besoins du quotidien pour sa propre survie et donc sa vie ; de plus se faire plaisir est un bien nécessaire autant pour sa survie que sa vie. Toutefois, l'Homme tombe toujours dans l'excès consciemment ou inconsciemment, seul ou à plusieurs, poussé par autrui ou lui-même, etc.
Sa nécessité de consommation et de satisfaction est plus forte que tout par principe de plaisir et d'action de combler un vide, d'autant que certaines choses consommées développent des habitudes à la limite de l'addiction légère ou forte, rendant la récurrence de la consommation aisée et facile. Sans compter que la société est construite sur cette dynamique de dépendance pour augmenter la consommation et donc les gains substantiels qui deviennent exponentiels en fonction du nombre d'individus.

Aussi, à la vue de cette brève explication non exhaustive, j'ai du mal à entrevoir la résorption du phénomène de dérèglement climatique avec espoir et espérance, lorsqu'il faut prendre en compte le mode de pensée, d'action et donc de vie de l'Homme en tant qu'individu ou groupe sur le temps et dans l'espace et qu'il faudrait un changement radical de ce mode de vie qui ne fonctionne qu'au travers de la consommation utile, mais aussi futile, source d'économie, de production en conséquence et donc de travail en finalité. Tout est imbriqué comme les rouages mécaniques d'une machine, dont on sait pertinemment qu'une seule pièce défaillante ou extraite peut enrayer le bon fonctionnement voire l'arrêt de celle-ci. Il faut donc rester réaliste face à une dynamique de vie humaine qui ne peut pas reposer uniquement sur la notion d'espoir et d'espérance, en se concentrant sur le problème de fond qui nécessitera du temps, des moyens et de l'humain pour que cela change, donc de l'action concrète et pragmatique.

Le mode de vie pourrait être défini de manière simple, pour ne pas dire simpliste comme suit : il y a les moyens et les finalités. Seulement, actuellement, tout est un peu chamboulé, voire renversé au nom du principe fiduciaire, monétaire, de l'argent essentiellement et de bien d'autres choses comme le pouvoir pour tout et en tout. Au point que l'individu n'est plus qu'un simple consommateur tout juste bon à générer de l'économie par ses besoins de consommations et de satisfactions qui priment plus que la nécessité de sa construction en condition et progression individuelle et/ou collective. La dynamique n'est pas de faire de l'Homme un être libre et en devenir, mais à devenir un être dépendant et soumis à ce système subtil de la consommation par nécessité d'économie et de rentabilité, dont il n'en tirera aucun profit généralement. Le rendant esclave d'une situation dont il aura l'illusion d'être le décideur de son existence et de sa consistance de vie, qui généralement ne sera qu’une ombre ou un apparat de vie.

Alors, espérer et être marqué de l'espérance me laisse songeur et perplexe. Essayons de faire le point de notre histoire humaine et de voir avec réalisme et objectivité la résultante des actions individuelles et surtout collectives sur le temps et dans l'espace. L'Homme a-t-il toujours œuvrer pour l'intérêt individuel en construction et progression dans une dynamique collective en adéquation avec son environnement, ou n'a-t-il pas plutôt essayé d’œuvrer pour l’intérêt d'un collectif au détriment de l'individu en s'en servant et en l'avilissant plus qu'en le grandissant ?
Mais au delà de l'être, n'a-t-il pas également mis à mal son environnement par nécessité de vénalité et de cupidité, sans oublier l'avidité et le pouvoir sur les choses et les êtres, le tout drapé de sa vaniteuse condition de maîtrise par ignorance et aveuglement très souvent. En soulignant, que tout ceci à mener, non seulement à la dégradation de son écosystème, du climat, mais surtout à mis à mal des milliers voire des millions de vie sur le temps et dans l'espace. Alors, allons parler d'espoir et d'espérance à toutes ces personnes qui ont vu, voient ou verront leur vie chamboulée, sacrifiée, marginalisée, voire détruite au nom de tout ceci; là, où peut-être voire certainement, elles désiraient, désirent, désireront s'inscrire dans un projet de vie tout simplement, en l'espérant et l'attendant avec confiance comme probable réalisation de leurs profonds désirs (telles sont les définitions du mot espoir et espérance).

La seule chose à envisager est donc un changement radical des esprits, des modes de vie et surtout de production/consommation individuellement et collectivement, sans pour autant se priver de vivre pleinement et agréablement la vie, mais humainement avec l'autre dans sa dynamique constructive et progressive de vie pleine et entière à son avantage et non à son détriment, en adéquation avec l'environnement. Car une vie de personne s'inscrit dans un projet de vie humanisante, grandissante, et non dans un projet de vie mortifère, objetisante, avilissante et marginalisante. Quant à celles et ceux qui prônent l'espoir et l'espérance face à cette problématique, j'ose entrevoir l'espoir et l'espérance d'un profond changement de leur part dans leur mode de vie en général, en changeant et en abandonnant tout ce sur quoi repose leur confort de vie humaine et matérielle, générateur de pollution, de dégradation de l'écosystème et de dérèglement du climat. Ce que je doute fort !


PS : Cette approche brièvement développée, ne mettant pas en lumière tous les aspects pour en saisir la forme et le fond dans sa globalité et complexité, peut être mise en parallèle avec d'autres domaines où le comportement et les attitudes irresponsables de personnes de l'individuel au collectif, sur le temps et dans l'espace, sont sources et causes des désagréments d'espoir et d'espérance inscrits au plus profond de chacune et chacun comme dynamique essentielle de vie.


Écrit les 5 et 7 juillet 2015 et publié le 8 juillet 2015 à 00h10.


Mr Franck Delaby


La Passiflore Bleue

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